332                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
On voit aussi, dans la résidence royale, un Crucifiement exécuté par van den Eichen avec la date 1691. Le même palais possédait jadis trois pièces de l'Histoire d'Alexandre, de la même prove­nance; elles n'existent plus.
L'atelier de Kiôge aurait duré une quinzaine d'années environ, de 1684 à 1698.
ALLEMAGNE
Parmi les manufactures allemandes, la plus ancienne, la plus importante à tous égards est celle de Munich. On relèvera peut­être la présence de quelques métiers de peu de durée dans d'autres centres germaniques; mais aucune de ces installations éphémères ne présente un sérieux intérêt. La tentative même faite par le duc Maximilien Ier a un caractère tout spécial. Tandis que les rois de France se proposaient avant tout la création d'une indus­trie nationale, devant affranchir le pays d'un tribut onéreux payé aux étrangers, l'électeur de Bavière n'avait pour but que de faire exécuter sous ses yeux des ouvrages destinés à son usage per­sonnel .
Il commence par acquérir, à Anvers et à Venise, un certain nombre de .pièces dues à des ouvriers flamands. Jean van der Goes, de A^enise, lui livre, en 1603, une Histoire d'Annibal, en sept pan­neaux, d'une superficie totale de deux cent soixante-seize aunes. Il s'adresse en même temps aux artisans fixés à Frankenthal, et leur achète successivement l'Histoire de Josué, en huit pièces, d'après Evrard van Orley; une Histoire de la Poésie, en quatre sujets; une Histoire de Diane etde Calisto, une autre de Remus et de Romulus, enfin un certain nombre de Verdures. Il ne s'en tient pas là : il fait venir de Frankenthal à Munich quelques-uns des émigrants flamands. Cette première tentative ne donne pas de résultats satis­faisants.
Il prend alors le parti de recourir à la patrie même de la tapisserie, et d'appeler auprès de lui des tisserands des Pays-Bas. Les négociations n'allèrent pas sans quelque difficulté. Les archi­ducs, gouverneurs des provinces espagnoles, voyaient avec une vive contrariété cette désertion en masse, qui privait les ateliers fla­mands de leurs meilleurs ouvriers. C'est alors que l'électeur invoque